La construction s’appuie sur des produits innovants, performants et rapides à mettre en œuvre. Les matériaux traditionnels gardent pourtant les faveurs de nombreux adeptes, en particulier en raison de leurs atouts écologiques.
Une
réglementation toujours plus exigeante encadre la construction et la rénovation de maison individuelle, avec en point en mire la
future RT 2020 (réglementation thermique) et ses objectifs de performance énergétique. De la maçonnerie (brique, parpaings, etc.) à l’ossature bois ou acier, sans oublier la maison imprimée en 3 D, le sujet est vaste.
Le bloc béton
Appelé parpaing, agglo, moellon, quéron… le "
bloc de béton manufacturé" domine le secteur de la construction traditionnelle. Il existe sous forme de blocs creux, pleins ou perforés. Son format est de
50 x 20 ou 25 cm (L x h) dans diverses épaisseurs : 20 cm en façade (mais on peut aller jusqu’à 27,5 ou 30 cm), 15 cm pour les murs de refends et 5 à 12,5 cm pour les cloisons. Avec le temps, ce bloc s’est vu décliné en
blocs d’angle (chaînages verticaux),
blocs en "U" (chaînages et linteaux),
planelles de 5 cm (abouts de planchers), etc.
Le parpaing séduit par sa
résistance mécanique et son
bon rapport qualité/prix. À raison de huit à dix éléments pour un mètre carré de mur, le coût à l’achat est de 8 à 30 €/m, selon le modèle et le format. Le maçonnage s’effectue au
mortier de ciment, à joints épais de 10 mm. Le parpaing se répare facilement en cas d’éclat.
Reste ses
piètres qualités thermiques. Avec une résistance thermique* de
0,23 m².K/W en 20 cm d’épaisseur, une isolation rapportée (par l’intérieur ou l’extérieur) s’impose pour répondre aux exigences réglementaires. Même dans le cas des parpaings isolants à maçonner ou à coller (Bloc Confort ou Climat d’Alkern, Fabtherm Air de Fabemi…), la résistance thermique oscille seulement
entre 0,60 et 1,93 m².K/W.
* La résistance thermique d’un matériau (R) s’exprime en m².K/W. Plus R est élevé, plus le matériau est isolant.
Composé d’agrégats courants, le
bloc béton "Fabtherm Air 1.1" possède une âme isolante en mousse minérale injectée dans ses alvéoles. Il s’assemble par emboîtement et à joints minces de mortier-colle déposé au rouleau applicateur.
Les
blocs en béton de pierre ponce (Bétotherm, Cogetherm, Technitherm…) sont d’un prix comparable à celui de la brique. Fabriqués industriellement, ils se composent à 92 % de roche volcanique et à 8 % de clinker. Très résistants à la compression, excellents isolants thermoacoustiques, ils ne craignent pas l’humidité.
La brique en terre cuite
La terre cuite est reconnue pour sa
bonne inertie thermique et son
aptitude à réguler l’humidité. Compte tenu de sa petite taille, la
brique pleine ne s’envisage plus qu’en parement, sauf exception. La
brique creuse, à alvéoles horizontales, est cantonnée aux travaux de maçonnerie courante.
La construction résidentielle lui préfère la
brique de structure à perforations verticales (Bio’bric BGV Primo ou Thermo, Calibric de Terreal, Porotherm GF de Wienerberger…) thermiquement plus efficace : R maxi autour de 1,70 m².K/W. Cela reste insuffisant pour se passer d’un doublage isolant. La pose peut se pratiquer à
joints épais au mortier traditionnel ou à
joints minces (roulés) au mortier-colle. La seconde option simplifie le travail et le rend plus économe en eau. Elle exige de la minutie pour éviter les ponts thermiques au niveau des joints. Le prix hors pose est estimé entre 40 et 60 €/m².
Grâce à ses minces alvéoles verticales, la
brique "Monomur" possède des propriétés thermiques étonnantes. En 30 cm d’épaisseur, elle atteint une valeur d’isolation conforme à la réglementation pour les murs extérieurs (
R = 3 m².K/W). Avec une épaisseur de 42 cm, elle répond à la RT 2012 : R = 4 m².K/W.
Si l’on vise le R ≥ 5 m².K/W de la RT 2020, la solution est apportée par la
brique à isolation intégrée ou répartie (Climamur 42 de Wienerberger, Mur’max Bio’bric…). Ce type de brique auto-isolante se pose à joints roulés. Pour conserver au mur les performances attendues, il faut accorder un soin particulier au traitement des joints. Le coût de base est plus élevé : entre 50 et 85 €/m². Au final, l’économie réalisée sur la réduction des dépenses de chauffage rend l’opération fructueuse.
La
brique "Mur’max" se compose de deux briques alvéolaires (ép. 15 cm) qui enserrent un panneau de mousse polyuréthane (ép. 12 cm), et se pose à joints minces. Construits dans les règles, les murs atteignent une résistance thermique R de 7 m².K/W, hors enduit.
En brique ou en ciment, les
blocs sans fond, dits blocs à bancher, s’utilisent en coffrage perdu pour les soubassements, murs de façade, refends, parois de piscine, etc. Ils sont empilés à sec, en les décalant d’un rang sur l’autre, ferraillés si nécessaire, puis remplis de béton.
Le béton cellulaire
À base de chaux, de ciment, de sable et d’eau additionnés de poudre d’aluminium, le béton cellulaire facilite la production de
blocs de grande taille : L. 62,5 x H 20 ou 25 cm. Sa texture enferme d’innombrables microcellules d’air, qui en font en un
très bon isolant naturel : R moyen = 3,30 m².K/W (ép. 30 cm) à 7,85 m².K/W (ép. 50 cm). Les blocs existent à bords lisses ou avec poignées latérales, qui facilitent la préhension (Cellumat, Ytong…).
Leur
prix d’achat est trois à quatre fois plus élevé que celui du parpaing. Mais, le chantier fini, l’écart se resserre considérablement. Le principal inconvénient de ce matériau réside dans sa
friabilité (tant qu’il n’est pas enduit) et la poussière produite au sciage comme au ponçage.
Le
béton cellulaire est l’un des matériaux de construction les plus légers. Un bloc de 60 x 25 cm pèse malgré tout 29 kg en 30 cm d’épaisseur, et 35 kg en 36,5 cm d’épaisseur. Heureusement, des prises de mains latérales facilitent notablement les manipulations.
Autoconstruction : opter pour les matériaux écologiques
La paille
À base d’avoine, blé, orge, riz…, la paille en bottes constitue un matériau très intéressant à mettre en oeuvre (isolation, inertie thermique, etc.). Pour éviter le pourrissement dû à l’humidité et les dégradations dues aux animaux (oiseaux, rongeurs…), la paille est protégée par un enduit ou un bardage.
Le chanvre
De cette rustique plante ligneuse, seules la fibre et la chènevotte (le bois de la tige) intéressent la construction. Le mélange s’effectue à raison de 30 % de fibre et 70 % de chènevotte. Une fois les ballots broyés et le mélange coupé grossièrement, il est passé au tamis, puis les briques ou parpaings calibrés finement. Polyvalent, le chanvre se prête à de nombreuses autres applications : mortiers et bétons, enduits isolants, chapes allégées, remplissage d’ossatures en bois… Il peut être utilisé en l’état ou mélangé (chaux, sable, terre…), selon la spécificité de l’ouvrage.
La brique en terre crue
Ressource locale très bon marché, la terre est un matériau de construction millénaire. On peut l’employer telle quelle ou associée à d’autres matériaux. En Europe, on privilégie la brique de terre compressée (BTC) aux vertus bioclimatiques. Elle est fabriquée à partir d’argile tamisée, stabilisée par un faible pourcentage (5 %) de chaux ou de ciment. Ailleurs dans le monde, principalement en Afrique, l’adobe reste le matériau de prédilection de l’habitat traditionnel.
Le pisé
Ancêtre du banchage, cette technique consiste à dresser des murs par portions, dans des coffrages de bois. La terre utilisée est additionnée de sable et de graviers, avant d’être compactée au moyen d’un pisoir (dame) manuel ou pneumatique. Dès que le pan a séché, les banches sont déplacées pour un nouveau dressage.
Les murs en pisé conservent bien la chaleur et s’avèrent d’excellents régulateurs d’humidité.
Le torchis
Mélange d’argile grasse et de fibres (paille ou foin), le torchis constitue le mode de garnissage emblématique des maisons à colombages. Non porteur, il s’applique sur un lattis solidaire des bois d’ossature, qu’il laisse respirer grâce à sa microporosité. Très bon isolant thermique et phonique, il garde la maison chaude en hiver et fraîche en été. Le torchis est généralement protégé par un enduit traditionnel en trois couches ou à base d’argile et de chaux aérienne.
De bois ou d’acier : la maison bioclimatique
Le bois est perçu comme le leader de l’habitat bioclimatique. Dans ce domaine, l’ossature métallique fait son chemin : les profilés d’acier forment un squelette solide et léger, adaptable à tout type de terrain. Les façades peuvent recevoir tout parement : bardage bois ou composite, brique, pierre naturelle ou reconstituée, etc.
Poutrelles et hourdis : mise en œuvre simplifiée
Le terme de plancher hourdis désigne les systèmes à poutrelles préfabriquées en béton associées à des hourdis ou entrevous, alvéolés ou pleins, fabriqués en béton, en terre cuite, en copeaux de bois, en polystyrène expansé… Ce mode constructif convient aussi bien à la réalisation de planchers bas sur vide sanitaire qu’aux planchers d’étage.
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1. Mur porteur
2. Planelle béton
3. Chaînage horizontal
4. Poutrelle en béton précontraint
5. Entrevous en bois pour plancher haut
6. Entrevous en polystyrène sur vide sanitaire
7. Rupteur de ponts thermiques
8. Dalle armée
9. Isolation intérieure |
Nommée "Yhnova", la première maison française a été construite en 2018 par
impression 3D. Elle est réalisée à partir de deux couches parallèles de mousse polyuréthane, entre lesquelles est injecté du béton. Les parois sont ensuite lissées pour permettre l’enduisage de finition.
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