Steward, Sébastien Seguignes a réalisé un abri couvert digne d’un hangar d’aéroport ! Aidé par des amis, il a construit ce bel espace qui abrite voitures, repas de famille, jeux des enfants…
Niveau : Expert
Coût : 5 000 Euros environ
Temps : 2 mois
Fournitures : granulats, ciment, additif, parpaings de 20 cm d’épaisseur, pannes de 150 x 70 mm, chevrons de 70 x 55 mm, liteaux de 27, poutres en chêne 200x200 mm, tuiles plates de 17 x 27 cm, gouttières de 33, planches de coffrage, plancher
Outillage : scie circulaire, scie égoïne, visseuse, bétonnière, échafaudage, échelles, niveau de maçon, brouette, perforateur, rabot électrique
Le projet de notre lecteur comportait deux préaux à voiture séparés par un mur mitoyen. Il a en effet construit l’abri pour son voisin en même temps que le sien. C’était la condition pour que celui-ci lui vende le terrain sur lequel bâtir ! L’ensemble dépasse les 90 m2 de surface au sol.
● La construction achevée ressemble à une vaste grange placée perpendiculairement au bâtiment existant, la ligne faîtière étant alignée sur la nouvelle limite de propriété. La couverture à deux pentes repose en partie centrale sur le mur mitoyen qui sépare le bâtiment en deux surfaces égales. Chaque « garage » mesure 9,10 m de largeur, 5,15 m de profondeur et 5 m de hauteur sous faîtage. Le volume est suffisant pour créer un espace de rangement supplémentaire et Sébastien Seguignes ne s’est pas privé d’ajouter un plancher intermédiaire.
Construit pour durer, le préau de notre lecteur est un exemple de stabilité. Tout est entièrement réalisé à la main avec de l’outillage basique : une pelle, une pioche, une bétonnière de cent litres et une brouette. Les travaux de fondation ont duré un mois, au gré de ses week-ends. Trois semaines de vacances lui ont ensuite suffi pour régler la partie maçonnée.
● Les dalles de sol sont désolidarisées des murs. Ces derniers reposent sur un premier chaînage périphérique double, logé dans une vaste fouille doublée de géotextile. Le mur de séparation est renforcé par trois ferraillages verticaux, situés aux deux extrémités et au centre. Sur l’élévation, un chaînage horizontal est réalisé à mi-parcours, à 2 m de hauteur, en plus du chaînage terminal au sommet. L’ensemble est réalisé avec des armatures à quatre filants (deux seulement pour les chaînages horizontaux) en fers tors de Ø 10 mm. Les murs sont montés en parpaings de 20 cm d’épaisseur.
● Les dalles sont en béton armé de 12 cm avec un treillage soudé à mailles carrées, coulé sur une semelle de sable stabilisé (deux joints de fractionnement sont prévus). Ces dalles laissent les réservations nécessaires pour de « modestes » dés de béton, ferraillés comme il se doit, chargés de supporter les piliers de façade. Le poteau situé contre le mur du bâtiment existant est réalisé en béton armé, les deux autres sont en chêne.
Préparé sur place, le béton est dosé à 350 kg de ciment par mètre cube (2 vol. de sable, 3 vol. de graviers pour 1 vol. de ciment). La quantité d’eau (environ la moitié du volume) est calculée avec précision en fonction de l’humidité de la charge (sable et gravier). Elle doit être rigoureusement constante d’une gâchée de bétonnière à l’autre, pour la totalité du béton nécessaire à la réalisation d’une chape ou d’un poteau, sinon les désordres (fissuration, poudrage) apparaissent rapidement. Il faut donc une mécanique bien huilée qui fait appel aux bonnes volontés de l’entourage pour charger la bétonnière, transporter le béton, le couler et le régler, dans un minimum de temps. Sans oublier le ravitaillement des ouvriers !
● Pour éviter le moindre souci, notre lecteur a pris la précaution de désolidariser sa réalisation du bâtiment existant. Le solin au mortier bâtard de la couverture constitue le seul point de liaison.
Aujourd’hui il est courant d’assembler la charpente et de la relier à la maçonnerie au moyen de connecteurs en acier galvanisé. Sabots, équerres et autres platines assurent tous les types de raccordements possibles… Mais ici, les fermes du préau sont directement scellées dans les murs. Elles se composent d’entraits moisés, doubles, qui relient les poteaux de façade au mur de séparation. Ils servent également de supports au plancher intermédiaire.
● Les poteaux sont reliés par une panne sablière scellée dans le pignon. Chaque entrait supporte un arbalétrier, scellé à son tour dans l’avant-dernière rangée de parpaings du mur de séparation.
● Les arbalétriers supportent les trois pannes intermédiaires. Petit détail, celles-ci ne sont pas directement clouées mais reposent sur des chantignoles (sabots). Elles sont scellées à leur tour dans le mur pignon. L’ensemble est doublé par les chevrons puis les liteaux. Les pièces maîtresses mesurent 150 x 70 mm de section, les chevrons, 70 x 55 mm. Cette charpente, qui pourrait être un modèle enseigné, vu la qualité de sa conception « académique », supporte une couverture de tuiles plates en béton qui reprend l’ordonnancement du bâtiment existant.
Notre lecteur a rencontré une difficulté avec la descente de gouttière du bâtiment existant et sa culotte de raccordement. Le collecteur se trouvait en effet sur l’ancienne limite de propriété. Selon la nouvelle disposition, la descente sans modification aurait traversé la couverture. Pour éviter les problèmes d’étanchéité, l’ensemble est décalé vers l’avant du préau. Outre l’ajout de deux coudes sur la descente, il a fallu aussi modifier l’évacuation enterrée.
● Le nouvel abri est raccordé au réseau électrique grâce à des lignes tirées depuis le tableau de répartition principal installé dans la maison. Les circuits de prises sont en place avant la réalisation des dalles. Ils sont noyés dans le béton et circulent le long du mur de séparation. À la fin du chantier, les prises sont fixées sur ce mur, 1 m au-dessus du sol fini.
● Le réseau d’éclairage utilise les entraits et le plancher intermédiaire comme support. Les interrupteurs sont placés sur les poteaux en chêne. Les deux réseaux, prises et éclairage, sont réalisés avec du matériel étanche IP55 pour parer aux risques liés aux projections d’eau. Les circuits apparents sont protégés par un conduit rigide de type IRL (anciennement IRO). Ces réseaux électriques sont raccordés à la terre et contrôlés par des disjoncteurs différentiels à haute sensibilité (30 mA). Notre lecteur a installé un petit tableau de répartition secondaire pour faciliter la distribution et les raccordements des différents circuits.
Que faire avec des chutes (pannes et liteaux) ? Une échelle de meunier pardi !
Cette réalisation est simple.
D’abord, calculer le nombre de marches nécessaires, de 20 cm de hauteur environ, pour atteindre l’étage, à 2 m de hauteur par exemple (2 m : 20 cm = 10 marches).
Le reculement est obtenu en multipliant le nombre de marches par leur profondeur. Ici, il s’agit de la section de la panne, soit 15 cm, ce qui donne 1,50 m de reculement. Le repérage est effectué au cordeau sur le mur du fond.
Le premier limon est placé le long du tracé, après avoir été recoupé en tête et en pied aux angles adéquats, grâce à une fausse équerre. Chaque marche est dessinée sur le limon, à partir du bas, en respectant la hauteur et le décalage prévus avec une simple équerre. Il suffit ensuite de reporter ces mesures sur le second limon, de visser les appuis découpés dans des chutes de liteaux et d’ajouter les marches.
Un chantier d’ampleur : l’emplacement du mur de séparation central des deux préaux et celui du pignon du bâtiment sont matérialisés par des tranchées profondes.
L’ensemble est creusé et nettoyé à la pioche.
La largeur de fondation de la séparation centrale est le double de celle du mur. Le feutre mis en place, le ferraillage et le départ des poteaux sont calés. Puis le béton est coulé.
Les dés de béton sont coulés et ferraillés dans les réservations. Ils supporteront la charge des poteaux de façade, deux en chêne et un en béton armé (accolé au mur de la maison). Le coffrage pour les dalles est mis en place.
Chacun est à son poste pour la réalisation des dalles. Une bonne organisation permet de couler le béton en continu ce qui garantit son homogénéité et sa résistance.
Les dalles sont classiques. Une couche de sable est damée puis le treillage à mailles carrées mis en place. De chaque côté de la séparation, les surfaces sont divisées en trois parties égales.
Après le décoffrage des dalles, les fers, en attente des semelles des futurs poteaux en chêne, sont équipés de platines de raccordement. Les poteaux seront ainsi isolés du sol et de l’humidité.
Un lit de mortier, des parpaings alignés au cordeau, des joints soignés : la technique est maîtrisée ! Notez l’élévation désolidarisée par rapport au mur existant et le ferraillage de départ.
Aux liaisons du ferraillage réalisé à mi-hauteur entre le mur-pignon et la séparation centrale s’ajoutent les renforts verticaux. Encore un exemple de la qualité de cette construction.
Les deux poteaux intermédiaires en chêne sont montés sur les platines scellées dans le sol. Les pannes sablières reliant les poteaux entre eux sont installées avant les entraits recoupés à 4,55 m.
La qualité de l’assemblage est remarquable, à la liaison entre les sablières et les deux entraits parallèles par exemple. À l’autre bout, ces derniers sont scellés dans le mur.
La liaison entre les arbalétriers et les pannes est assurée par des chantignoles, des sabots de bois qui bloquent l’angle de l’assemblage.
L’extrémité des pannes est scellée dans le coffrage au sommet du mur pignon. Le béton est renforcé par deux filants (Ø 10 mm) qui rejoignent les blocs-linteaux armés de la séparation.
Cette charpente traditionnelle en chêne est réalisée dans les règles de l’art. Les arbalétriers reposent sur les entraits moisés et leurs chantignoles supportent pannes, chevrons et liteaux.
Lorsque le calepinage et l’écartement des liteaux sont corrects, la pose des tuiles est rapide. Une journée a suffi à notre lecteur pour couvrir les deux pans du bâtiment (100 m2 environ).
Le faîte est doublé de tuiles crêtes de coq demi-rondes. La gouttière est raccordée à la descente principale. Tous les éléments en bois apparents sont protégés par deux couches de lasure.
La collecte des eaux de pluie est assurée par des gouttières « de 33 ». Cette désignation usuelle correspond au profil de sa section, c’est-à-dire son demi-cercle mesuré avec un mètre ruban. De la même manière sont désignées les gouttières plus petites de 16 ou 25. Notre lecteur a donc choisi d’assurer une collecte parfaite en toutes circonstances, en installant un réseau de gros calibre là où des gouttières de 25 auraient suffi. Ce détail est à l’image de l’ensemble de la construction, solide et prévue pour durer.
Le niveau des dalles, parfaitement horizontal, crée un rebord par rapport au sol d’origine. Des pièces de bois taillées en biseau sont tirefonnées devant pour faciliter le passage des roues de voiture.
Les deux tiers de la surface sont doublés d’un étage intermédiaire aménagé qui prend appui sur les entraits. Le solivage du plancher est réalisé avec le même bois que les pannes (150 x 70 mm).