En deux ans, il en faut de la ténacité pour transformer radicalement une étable et sa grange en un bel espace à vivre. Pascal Dugast a retroussé ses manches et relevé le défi !
C’est dans la seconde couronne de l’agglomération nantaise que nos lecteurs ont trouvé leur bonheur :
"Nous cherchions une maison à rénover un peu éloignée de Nantes pour des raisons budgétaires, et nous sommes tombés sur une ancienne étable… Et là, nous avons eu un vrai coup de cœur", se souvient Pascal Dugast. Mais si la bâtisse a du charme, tout est à faire :
"il y avait encore la paille dans la grange, au-dessus de l’étable". Notre lecteur, qui travaille dans le bâtiment –
"je suis métreur et j’ai des compétences en charpente" –, a réalisé l’ensemble des plans (DAO), le chiffrage et 90 % des travaux. Ces derniers ont débuté (après démontage de la toiture et de la charpente) par un décaissage nécessaire à l’exécution de la dalle sur terreplein mais aussi, et surtout, par un chaînage indispensable pour consolider la bâtisse :
"il y avait des problèmes structurels de descente de charges".
Avant
"Par expérience, je sais que l’autoconstruction permet de réaliser une économie de 40 % sur les travaux. Il faut aussi se laisser une marge de 10 % de budget pour les imprévus."
Première étape : le métrage et la réalisation des plans. Pascal Dugast, qui est un professionnel, sait l’importance de cette phase de conception qui va lui permettre de réaliser un inventaire des achats et de chiffrer son projet.
Les murs, bien que d’épaisseur respectable (en moyenne 60 cm), demandent à être consolidés pour supporter le poids de la nouvelle charpente. Une ceinture en béton s’impose, de même que des poteaux structurels à chaque angle.
Consolidation toujours avec, à l’intérieur comme à l’extérieur, la réalisation d’un enduit de propreté.
Hormis une poutre (40 x 40 cm) qui a pu être conservée, tous les planchers ont été démontés.
"Pour un projet comme celui-ci, il faut beaucoup d’énergie et d’organisation. Ça peut être éprouvant physiquement et nerveusement. Si j’ai un conseil, il ne faut pas se disperser : une chose après l’autre."
La charpente à entraits retroussés, assemblée par tenons et mortaises puis boulonnage, est réalisée traditionnellement avec épure au sol. Notre lecteur, ancien charpentier, précise :
"c’est un travail de réflexion et de précision. Avant de couper un morceau de bois, mieux vaut bien réfléchir ".
Les charges de la charpente, et plus tard de la couverture, sont en partie reprises par les poteaux de consolidation du gros œuvre.
À la place de la porte de grange, une ouverture est ménagée pour un oeil-deboeuf. Un coffrage fait maison a permis de réserver l’espace dans le béton coulé en place. Au-dessus, la génoise a été nettoyée ; les terres cuites et tuiles cassées ont été remplacées.
Linteaux et tableaux sont réalisés en béton aux dimensions des menuiseries. Les coffres de volet roulant sont mis en place avant la pose des menuiseries.
La mise en place des bois de charpente demande beaucoup de manipulation. Un palan permet de monter les éléments sans trop d’effort. Et puis :
"les amis passent parfois donner un coup de main"
Rénovation de la charpente et gros oeuvre
Après la consolidation, Pascal Dugast s’attaque au gros œuvre. Tout d’abord, la charpente et la couverture :
"Je n’ai pas conservé l’existant car certains bois étaient très abîmés et, avec ses faux entraits, la charpente n’était pas adaptée à un aménagement des combles. " Il conçoit donc une charpente traditionnelle avec entraits retroussés qui permettent de dégager l’espace. La partie annexe de la grange, elle, est rehaussée de façon à exploiter l’étage. Sans perdre de temps, notre lecteur s’attaque à la couverture :
"À l’origine, nous avions une couverture en tuile canal typique de la région. J’ai opté pour une tuile mécanique qui en reprend l’esthétique. " La génoise, elle aussi caractéristique de cette région, est conservée –
"c’était une obligation pour obtenir le permis de construire" – et entièrement remise en état. Autres travaux de maçonnerie importants, le percement des baies, dont une grande, ou la fermeture de certaines d’entre elles :
" Nous avions deux portes l’une au-dessus de l’autre, dont les linteaux étaient en très mauvais état. "
"La couverture, ce n’est pas particulièrement difficile, c’est surtout de la manutention… " Notre lecteur a installé un écran de sous-toiture, ce qui impose un double liteaunage pour assurer une bonne ventilation.
Maison ancienne oblige, l’enduit de finition est à la chaux :
"J’ai utilisé un produit prêt à l’emploi auquel j’ai ajouté un sable local. Pour le mélange, il faut compter un volume de chaux pour deux volumes de sable. "
À l’intérieur, cloisonnement et doublage représentent un gros travail : " Plus de 500 m² ". Côté isolation, on ne lésine pas : "Tous les murs sont isolés avec 100 mm de laine minérale en couverture. J’ai mis deux couches croisées (160 x 100 mm) plus une membrane d’étanchéité à l’air. " Grande hauteur oblige, les plaques de plâtre sont mises en oeuvre sur une ossature métallique à double montant de 70 mm d’épaisseur. Pour éviter un ponçage fastidieux après l’enduisage des joints, notre lecteur utilise une ponceuse girafe. Dotée d’un manche télescopique et d’une tête orientable, cette machine permet de travailler sur de grandes hauteurs
Pour le réseau électrique et compte tenu de la complexité de la norme, notre lecteur fait appel à un professionnel :
"Il a préparé les pieuvres et moi j’ai tiré les câbles. "
Le plancher chauffant électrique est mis en place sur un isolant rigide de 10 cm d’épaisseur. La pose des éléments suivant les plans fournis par l’électricien est simple. Étape suivante : chape liquide mise en œuvre par une entreprise agréée.
Les finitions touchent à leur fin. Enfin presque, il reste la pose du carrelage : carreaux de grands formats posés à double encollage sur un support parfaitement plan.
Aménagement en loft de la grange
Comme il s’agit d’une grange, l’espace intérieur n’est pas cloisonné. Cela laisse donc une grande liberté d’aménagement, notamment avec des zones de grande hauteur, type loft. Notre lecteur, qui a réalisé les plans du cloisonnement et des réseaux (l’un ne va pas sans l’autre), reprend les principes qu’il a appliqués au gros œuvre : une chose après l’autre et le recours à des produits de qualité.
"Économiser sur la qualité des matériaux, c’est reculer pour mieux sauter. " Résultat : les laines minérales sont haut de gamme,
"sinon elles s’affaissent dans la cloison après dix ans". Idem pour les contre-cloisons de grande hauteur réalisées avec une ossature métallique spécifique très rigide. Pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire, Pascal Dugast fait le choix du tout électrique, avec un plancher chauffant en rez-de-chaussée et des panneaux rayonnants à l’étage :
" c’est ce qu’il y a de plus économique à l’installation ". Mais cela impose, comme ici, que la maison soit très bien isolée et surtout étanche à l’air pour limiter les déperditions thermiques et les consommations d’énergie excessives :
"tout compris, nous ne dépassons pas 150 euros d’électricité par mois ".
Peinture blanche dans les circulations et dans la grande pièce cathédrale et couleurs chaleureuses et chatoyantes dans les chambres.
Cloisons de grande hauteur
Les fabricants de plaques de plâtre développent des gammes spécifiques pour des hauteurs de cloisons ou doublages comprises entre 5 et 10 m. Des systèmes dont l’ossature en acier galvanisé est composée de rails et de montants doubles ultra-rigides, bien adaptés aux travaux de réhabilitation ou de transformation (loft) en raison de leur faible poids et de l’absence de raidisseurs béton ou acier. La mise en oeuvre est identique : il faut toutefois prévoir un échafaudage ou une nacelle. Ces systèmes sont compatibles avec des plaques de 25 mm d’épaisseur ou avec la mise en place de deux plaques de BA13 croisées pour assurer une bonne rigidité.
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