Une tondeuse autoportée hors d’usage, un papa sachant souder, quelques tubes et pièces métalliques… : tout le “matériel” est réuni pour pouvoir s’initier aux joies de la conduite automobile, activité habituellement réservée aux plus fortunés. C’est ce bonheur qu’a eu le fils d’Alain Ferry, créateur de ce sympathique véhicule.
NIVEAU : confirmé
RÉALISATION : 3 à 4 week-ends
COÛT : environ 100 € (hors tondeuse de récupération)
ÉQUIPEMENT : poste à souder, meuleuse d’angle, perceuse, pince à riveter, pistolet à peinture
Voir le plan de cette réalisation (en pdf) : Un buggy à moteur thermique : le plan
Mi-kart, mi-buggy, ce mini-bolide est destiné à un usage sur terrain privé. D’une puissance réelle de 9 chevaux, il n’aurait d’ailleurs pas l’autorisation de circuler sur la voie publique. Capable d’atteindre 40 km/h, il est dimensionné pour un enfant affichant environ 1,40 m sous la toise. Sa réalisation consiste essentiellement à fabriquer l’ossature, en tubes serruriers, et à y adapter la mécanique d’une vieille tondeuse autoportée, au prix de modifications minimes. Un travail plutôt simple au regard du résultat, pour le moins convaincant !
Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Simplicité ne veut pas dire facilité. Une parfaite maîtrise du soudage est nécessaire pour contrôler les déformations des pièces sous l’échauffement. Et surtout pour que l’ensemble ne se rompt pas au premier cahot, avec tous les risques que cela impliquerait pour le jeune pilote.
Il faut également dénicher la tondeuse, qui fournira le moteur, ainsi que toute la direction avec son support, l’essieu arrière, les roues, le système d’accélération et d’embrayage, et jusqu’au pédalier, simplement découpé et soudé tel quel sur le châssis. En fait, il n’y a guère que le freinage à repenser.
Les dimensions générales dépendent de celles des pièces de récupération et de la taille de l’enfant. La largeur du véhicule est conditionnée par l’espacement des paliers de l’essieu arrière, sa longueur par celle de la colonne de direction. Les cotes ne sont donc données qu’à titre indicatif.
À l’arrière, le châssis, en tube de 30 x 30 mm, forme un carré de 85 cm de côté. Trois entretoises en tube de 20 x 30 mm supportent, l’une à droite le système de freinage, les autres à gauche le moteur et la transmission par poulies et courroies. La traverse arrière et les deux longerons extérieurs sont raccordés à coupe d’onglet à 45°.
À l’avant, c’est un rectangle de 40 x 70 cm, allongé dans l’axe du châssis, qui supporte le pédalier de commande et l’essieu directeur. L’extrémité avant de ce rectangle est fermée par le pare-chocs, en tube serrurier de 30 x 40 mm posé à plat. Ses extrémités, occultées par une chute de tôle, sont repliées vers l’arrière pour les rendre moins agressives. Le carré arrière du châssis et le rectangle avant sont reliées par deux sections intermédiaires, soudées de biais pour rattraper l’écart de largeur.
Le rectangle avant est traversé par le support des roues directrices, prélevé sur la tondeuse et réinséré tel quel dans le châssis. Une première entretoise est soudée contre ce support. Une seconde, en tube de 15 x 30 mm, est placée de biais un peu en retrait et sert d’appui à un fourreau en tube rond qui guide la colonne de direction.
Sur cette base est monté l’habitacle, qui forme un arceau de sécurité. Le cadre du toit et les deux montants très inclinés qui le relient au pare-chocs, sont en tube de 30 x 40 mm. Les extrémités des côtés du toit, dépassant d’environ 6 cm vers l’arrière, sont fermées comme le parechoc. Les montants arrière, de section 30 x 30 mm, sont dissymétriques : ils comportent un angle pour maintenir le réservoir de carburant et contourner le moteur. Celui de gauche ainsi que les deux montants avant sont étayés pour les renforcer.
Siège, carter du frein, plancher du pédalier et calandre sont découpés et formés en tôle de 20/10e rivetée à l’ossature. Fixé en haut et à l’arrière du toit, le siège repose sur un tube qui double la traverse du cadre arrière du châssis. Le pilote est protégé par une grille de protection en fil de fer, tressée entre les montants avant.
Le moteur est boulonné aux entretoises par le biais de deux supports en tube de 20 x 20 mm. La platine des poulies de transmission, elle aussi conservée, est fixée à ces mêmes entretoises. Le tout est positionné de façon à garder la géométrie initiale des courroies. L’essieu est soudé aux longerons extérieurs par ses paliers d’origine. Deux autres paliers, usinés en Téflon et boulonnés aux longerons, les épaulent.
Commandé par câble, l’accélérateur manuel est fixé à main droite. À main gauche, le levier d’embrayage agit sur une poulie qui tend ou relâche la courroie d’entraînement. Il existait à l’origine une seconde commande par câble. Déconnectée, elle est cependant laissée en place.
L’essieu avant étant intégralement récupéré, l’installation de la direction est aisée : la seule pièce à fabriquer est le support de colonne. Quatre fers ronds soudés sous le châssis en forme de berceau protègent le mécanisme.
Le frein d’origine est remplacé par un disque tourné dans une vieille couronne de cyclomoteur. À défaut de tour, le plus simple est de le récupérer sur une moto. Le disque est fixé à l’essieu par une rondelle de forte dimension ou des pattes en fer plat. Il peut même être directement soudé si cela n’empêche pas le montage/démontage de l’essieu : le kart sera usé avant lui ! Quelle que soit la méthode choisie, les soudures et l’équerrage doivent être irréprochables.
Les mâchoires sont de vieilles plaquettes de voiture. Des pattes sont soudées sur leur envers, reliées à un mécanisme formé de deux leviers, deux bielles et un tirant, en fer plat de 5 x 15 mm. Le tout est commandé par câble à la manière d’un frein de bicyclette.
Leviers, bielles et tirant, boulonnés entre eux et aux plaquettes, sont percés en conséquence. Les premiers comportent un perçage supplémentaire, pour le passage des pivots. Ces derniers sont fixés sur une entretoise soudée aux longerons et recoupée pour laisser passage au disque. Tous les boulonnages sont verrouillés par des écrous-freins, qui permettent de bien ajuster le jeu de l’ensemble.
Relié au frein par un écrou soudé au tirant, le câble est commandé par le pédalier récupéré, soudé aux longerons. La pédale commande en outre un interrupteur qui coupe l’allumage. Cet ajout réserve le frein à la sécurité : en usage normal la vitesse de l’engin est uniquement commandée par l’accélérateur manuel. La seconde pédale d’origine reste en place, inutilisée, mais on peut concevoir d’y raccorder l’accélérateur.
Installez-vous à hauteur confortable, sur un plan de travail rigide. Une vieille planche d’aggloméré posée sur tréteaux et soutenue par des cornières convient parfaitement. Gardez un seau d’eau à proximité, au cas où le panneau s’enflammerait.
Commencez le montage du châssis par le carré arrière et le rectangle avant, puis ajoutez les longerons intermédiaires. Les pièces, coupées à mesure, sont bridées au plan de travail ou aux éléments contigus, le temps de les pointer. L’implantation de l’essieu avant dépend de sa conception ; il est ici échancré, puis soudé à cheval sur les longerons. Les pièces en angle, comme le parechoc, sont entaillées sur trois côtés. Le quatrième côté plié, et le tout ressoudé. Terminez par les entretoises à l’arrière, et les divers supports dont celui du siège.
Assemblez le cadre du toit, puis bridez-le au châssis à une hauteur appropriée, à l’aide de tasseaux et de serre-joints. Les montants avant et leurs renforts sont alors rapportés, suivis des montants arrière et du dernier renfort, en veillant bien à laisser la place du moteur.
Soudez les tôles supports de paliers aux longerons. Percez le logement des boulons de fixation des paliers en Téflon et refendez l’entretoise support du frein. Installez le disque sur l’essieu et mettez celui-ci en place, muni de sa poulie motrice.
Après recoupe des entretoises du moteur, ovalisez les trous de boulonnage de la transmission afin de garder une possibilité de réglage. Les poulies doivent être alignées et les courroies tendues, sans excès.
Repérez la position du levier d’embrayage. Modifiez-le au besoin pour faciliter son maniement et fixez son pivot à l’ossature. Installez le coupe-circuit d’allumage sur la pédale de frein, protégé par une petite tôle. Démarrez le moteur pour vérifier le fonctionnement de l’ensemble.
Le support de direction ne peut être ajusté qu’après l’installation du siège. Découpez ce dernier et bridez-le sur ses supports pour percer simultanément la tôle et les tubes ; posez les rivets pop. Bridez le support au châssis avec des serre-joints, puis installez colonne et volant, axes de roues, biellettes. Faites grimper l’enfant pour trouver la meilleure position et pointez définitivement le support.
Positionnez le pédalier selon la même méthode. Soudez les pattes aux plaquettes de frein, usinez les leviers et tirants et assemblez le tout. Installez le câble et sa gaine. Le système s’auto-équilibrant, il n’y a pas d’autre réglage que la tension du câble.
Pointez les barres de protection du “boîtier” de direction. Formez et rivetez en place les tôles du carter de frein, du plancher et de la calandre. Enfin, tressez la grille de protection ou utilisez un treillis soudé à mailles fines.
Déposez tous les éléments mécaniques pour souder définitivement l’ossature, puis nettoyez et ébavurez les cordons de soudure. Le véhicule peut alors recevoir sa rutilante livrée, précédée d’une couche d’apprêt antirouille, si la peinture ne l’intègre pas. Pour accroître sa longévité et éviter les “nids à rouille”, vous pouvez, avant la mise en peinture, percer un trou dans les tubes fermés afin que l’air y circule librement, puis pulvériser un antirouille pour corps creux en bombe. Remontez la mécanique, immobilisez les câbles avec des colliers en nylon. Si l’engin ne démarre pas, c’est que vous avez oublié de faire le plein !
La principale – et presque seule – technique à maîtriser pour réaliser ce kart est le soudage. Mais les jonctions des nombreux éléments à assembler ne doivent pas lâcher au premier cahot !
Les éléments mécaniques proviennent d’une vieille tondeuse autoportée. L’essieu arrière, les paliers sur leur support en tôle et la transmission par poulies sont conservés sans aucune modification.
La direction est elle aussi intégralement récupérée. Seuls, le tube de guidage de la colonne dans l’entretoise du châssis et la cage en fer rond, protègeant le pignon, ainsi que la crémaillère sont nouveaux.
Le frein ne vient pas de la tondeuse. Le disque est récupéré sur un “deux roues” (ou tourné), les plaquettes proviennent d’une voiture. Il ne reste plus qu’à concevoir la tringlerie de commande.
Si le châssis reçoit son apprêt antirouille sitôt assemblé, la livrée définitive n’est passée qu’après la mise en place des éléments mécaniques, qu’il faut alors entièrement redémonter ou protéger.
Outre la direction, c’est tout l’essieu avant de la tondeuse qui est récupéré, avec son support, et réintégré dans le nouveau châssis. Son montage et son réglage ne sont donc que des formalités.
Le pédalier est lui aussi réintégré tel quel, mais une seule des deux pédales est utilisée. Par sécurité, un contacteur électrique est ajouté pour couper l’allumage dès que l’enfant touche au frein.
La position du moteur et de la transmission est ajustée pour que les poulies soient alignées et les courroies tendues (sans excès). Le réservoir, tout en longueur, est intégré entre les montants.
L’embrayage se fait simplement par une poulie qui tend ou détend une des courroies. Des deux commandes d’origine (l’une directe par levier, l’autre par câble), seule la première est utilisée.
L’accélérateur est commandé par câble à l’aide d’une poignée, sans ressort de rappel. Il est seul à contrôler la vitesse : le frein, qui coupe le circuit d’allumage, n’est utilisé qu’en sécurité.
Le siège, la calandre, le carter de frein et le plancher (sous le pédalier) sont en tôle, rivetés à l’ossature. Une tôle de 20/10e est un bon compromis entre rigidité et facilité d’usinage.
La grille de sécurité est un tressage de fil de fer, passé dans des trous percés dans l’ossature. La prolonger au dessus de la tête du jeune pilote serait une protection supplémentaire en cas de renversement.