Dans un petit coin de Bretagne, une bande de voisins a mis la main à la pâte pour construire un four à pain, sous l’impulsion de Patrick Baleine. Une aventure des plus chaleureuses !
Quelque part en Bretagne vit Patrick Baleine, l’un de nos fidèles lecteurs. Bricoleur avisé, il apprécie la convivialité entre voisins. L’un des moyens qu’il a trouvé pour partager de bons moments avec eux, c’est de construire un four à pain disponible pour tous, sur un terrain lui appartenant. « Le but était de créer un lieu de rencontre. Nous voulions bâtir un projet commun. Certains ont donné des conseils, des coups de main, d’autres les matériaux de récupération dont ils disposaient. » Pour notre lecteur, réaliser ce four de 2 m de large et 1,78 m de profondeur, était aussi un défi : « En cas d’erreur, le risque était grand qu’il ne fonctionne pas ou mal. » Avant de se lancer dans l’aventure, il s’est donc informé…
« Pour définir les dimensions du foyer, nous nous sommes appuyés sur des lectures et l’expérience d’autres constructeurs. Nous avons aussi observé les fours traditionnels de la région, avec un dôme de pierre recouvert de terre. Devant le délabrement de certains, nous avons décidé d’y ajouter un toit, pour l’esthétique mais aussi pour le protéger des intempéries. » Mais quelles que soient les précautions prises, un tel ouvrage se conquiert : « Il a fallu apprendre à faire du pain, mais aussi à connaître et à apprivoiser le four… »
La construction s’est déroulée en plusieurs étapes : réalisation des fondations, coulage d’une dalle en béton armé sur un hérisson constitué de pierres et graviers. Une réserve de bois sec a été ménagée sous le foyer : « Quatre rangs de parpaings de 15 x 20 x 50 cm soit une hauteur de 85 cm, et un habillage des murs en pierre de récupération, surélevé pour servir de coffrage à la dalle du four. » Ainsi, « le feu est alimenté par des fagots de bois, préparés en hiver à partir de l’élagage des arbres. »
Étape essentielle, la construction de la voûte (l’espace de chauffe et de cuisson) n’a pas été simple à gérer. « Nous avons eu des mauvaises surprises, mais pas sur le plan technique : les anciens se sont disputés et cela a retardé le chantier d’au moins six mois. Ils ont finalement réussi à mettre leur ego de côté et c’est reparti ! » Après le montage du pignon arrière et la rehausse des murs de chaque côté avec deux rangs de parpaings, le plus complexe fut donc la conception du « foyer ». Elle a débuté avec la réalisation de la sole (le « plancher » du four). En forme de poire, la sole est constituée de briques non réfractaires (sur les conseils du fabricant), produites dans la région. La voûte est également construite en brique à partir d’un moulage en sable et terre argileuse, retiré après le séchage complet. L’ouvrage s’est poursuivi avec le montage de la charpente, l’installation du conduit de fumée et le toit en ardoise, typique de la région. « Nous avons laissé sécher le four pendant six mois avant de l’utiliser. Puis j’ai commencé par de petits feux, pour le monter en chauffe progressivement. » Inutile d’évoquer le mélange de fierté et de joie partagée qui a animé les premières agapes…
ll a fallu attendre six mois pour utiliser le four. Un délai que notre lecteur a mis à profit pour fabriquer des outils nécessaires à la fabrication du pain : pelle à enfourner, écouvillon (pour nettoyer le four) et réserve à cendres.
Le four est construit sur une assise saine et stable. Un hérisson (cailloux, graviers…) sert de support à la dalle béton (ép. 20cm), délimitée avec un rang de parpaings. Elle est coulée sur une armature en treillis soudé.
La réserve à bois, de 85cm de hauteur, est constituée d’un mur en blocs béton et d’us parement en pierre. Astuce : les côtés en pierre sont surélevés de 15cm par rapport aux parpaings, pour servir de coffrage à la dalle du four.
Pour mettre en œuvre la dalle du four (ép. 20cm), notre lecteur a réalisé un coffrage en planches de 4 x 2cm et posé un treillis soudé avant de couler le béton. Cette assise servira de support au pignon arrière,et aux parois latérales.
La construction du foyer commence par la pose de deux rangs de briques (20 x 10 x 5 cm) à l’avant de la dalle, centrés sur l’emplacement de la future porte (60cm de large). La base du four est ensuite recouverte d’une couche de sable (8cm) sur laquelle est bâtie la sole en carreaux de brique de 2 cm d’épaisseur.
L’emplacement du four (Ø 90cm) est matérialisé par un premier rang de briques au centre de la sole. Posées à plat, elles sont scellées avec du ciment réfractaire. « Il faut prendre soin de bien les humidifier », précise notre lecteur.
« Pour obtenir un bon tirage, le rapport idéal entre la hauteur de la porte et celle du four à pain doit être de 63%. » Une information issue de nombreux partages d’expérience et de lectures.
La bouche (ou « gueule ») du four est constituée d’une porte à deux battants de 47cm de large, fabriquée à partir de métal de récupération. « J’ai ensuite construit un gabarit en bois destiné à faire un coffrage pour recevoir les briques et le linteau de la porte. »
Le moule de la voûte est réalisé à partir de ¼ de terre argileuse, de ¾ de sable et d’eau. « Au préalable, j’ai déposé un film plastique sur la sole pour la protéger et faciliter l’extraction du moule en fin d’opération. »
À l’aide d’une tronçonneuse à matériaux, Patrick Baleine découpe les briques formant la clef de voûte. Elles sont coupées une à une en forme de cône.
« Pour améliorer l’inertie du four, j’ai monté sur le dôme une carapace de 20cm d’épaisseur, composée de ¾ de terre argileuse, ¼ de sable et un peu de paille hachée, mélangés à la bétonnière. »
Après huit jours de séchage, la terre du moulage est retirée et rapportée sur le dôme pour en améliorer l’isolation. « Je n’ai pas mis de plastique sur le moule, ce qui aurait facilité le décoffrage et éviter de nettoyer les briques sales une à une. »
Il est temps de terminer le pignon avant et de monter le conduit de fumée, construit à l’aide de boisseaux qui prennent appui directement sur le dôme. « Nous avons mis en place puis retiré une gaine, qui n’était pas satisfaisante à l’usage. »
La fumée est dirigée vers le conduit par un avaloir « en tôle d’aluminium prélevée sur une vieille caravane » ! Sa décoration est inspirée d’une technique apprise auprès de gitans en Roumanie.